S'IMPRESSIONNER SOI-MEME

Je considère aujourd'hui que mon plus grand exploit est d'avoir réussi à obtenir le permis de conduire. Durant mon enfance et le début de mon adolescence, jamais je n'aurais imaginer conduire, ça me faisait peur.

Mes parents m'ont poussé à m'inscrire dans une auto-école quelques jours après mes 16 ans. Le message était le suivant : "c'est beaucoup mieux de passer le permis quand on n'en a pas encore besoin que de devoir le faire dans l'urgence". Déjà à l'époque, malgré le stress, je savais bien qu'ils avaient raison... J'ai commencé par apprendre le code de la route et après six mois de travail, je passe l'examen et l'obtiens du premier coup avec une note de 39 sur 40. C'était déjà un grand soulagement pour moi d'avoir réussi cette première étape. La suite était les heures de conduite, j'en ai fait trente avec l'auto-école. Tout n'a pas été simple, d'autant plus que durant cette période mes angoisses avaient beaucoup augmenté (même si mon apprentissage de la conduite ne faisait pas parti des causes principales). C'était donc d'autant plus beau que j'arrive à avancer ! Je me souviens de ces séances de conduite comme un "double combat" : j'essayais à la fois de faire les choses le mieux possible (mon côté perfectionniste) et de lutter contre mes angoisses.

Ensuite, j'ai fait un an de conduite accompagnée. L'objectif était de faire au moins 3000 kilomètres. Il fallait bien sûr varier les trajets et les conditions de conduite. Villes, campagnes, autoroutes, de jour, de nuit, quand il pleuvait,... j'ai enchaîné les kilomètres dans plein d'endroits différents. J'appliquais comme je pouvais tout ce que j'avais appris, je me disais souvent qu'il ne fallait surtout pas prendre de mauvaises habitudes.

J'ai fait encore quelques heures de conduite avant l'examen final. L'un de mes défauts était (et est encore aujourd'hui) le manque de confiance en moi. Mais à la fin de la dernière heure, le moniteur d'auto-école m'a dit une phrase qui ne pouvait que m'aider : "si tout le monde avait ton niveau, je serai moins inquiet". Que ça fait du bien d'entendre ce genre de chose ! Le jour j, j'étais très loin d'être serein, je stressais, j'avais hâte que ça se termine ! Les jours suivants, il n'y avait plus qu'à attendre le verdict...

Finalement, un matin, l'enveloppe contenant le résultat atterrit dans la boîte aux lettres. Quelques secondes après avoir ouvert cette enveloppe, je crie de joie !! C'EST GAGNE, J'AI EU MON PERMIS DE CONDUIRE !!! Immense joie et soulagement car c'était pour moi un énorme exploit d'avoir réussi après deux ans de travail. Avoir le permis de conduire du premier coup quelques jours après mes 18 ans, malgré ma peur initiale de la conduite, mes angoisses, toutes les difficultés auxquelles j'ai dû faire face, c'était vraiment incroyable !

Encore aujourd'hui, à chaque fois que je conduis, je me sens toujours dans un état particulier. J'ai plus ou moins l'impression de ne pas être tout à fait le même homme. Je repense parfois à l'époque où je ne pensais pas être capable de conduire une voiture. Sachant que je suis quelqu'un de nature angoissé, je me demande encore comment j'ai fait pour y arriver. Comme quoi, même des années après, quand je réfléchis à cela, je me dis que je suis capable de m'impressionner moi-même !